Le cadavre d'un mammifère marin gît sur le cordon de galets qui borde la plage de la Baie des Trépassé en Cléden-Cap-Sizun. Février 2022.
Dépourvu de tête, de pattes ou de nageoires, il n'est pas identifiable au premier regard.
Toutefois, il s'agit probablement d'un phoque sans qu'il soit possible de déterminer si c'est un phoque gris (Halichoerus grypus) ou un veau marin (Phoca vitulina).
En mars 2017, des ballots de caoutchouc s'étaient échoués sur la plage de Tréguennec (1).
En janvier 2018, un nouveau ballot est déposé par la mer dans un creux de la dune bordant la plage.
Il s'agit de latex séché et fumé (en anglais ”Ribbed Smoked Sheet Rubber”) qui se présente sous forme de feuilles, notamment commercialisées par ballots de plus de 30 kilos. Ces feuilles de caoutchouc sont utilisées dans la production de pneus, de carcasses de bande de roulement, de pneus tout-terrain, de tuyaux extrudés, de chaussures, etc.
Tout comme ceux de 2017, on ignore d'où provient ce ballot.
Faisait-il partie de la même cargaison ? On peut imaginer qu'ils se trouvaient dans un même container perdu par un cargo avant mars 2017, coulé au large des côtes du Finistère et dont ils s'échappent peu à peu lorsque des tempêtes en surface arrivent à brasser les eaux en profondeur.
Un baril gît sur l'estran entre la plage de Kersiny et celle de Mesperleuc en Plouhinec (Finistère). Septembre 2019.
Au sommet de ce baril très abîmé, on peut déchiffrer le sigle SMPEP.
SMPEP signifie "Shipboard Marine Pollution Emergency Plan", c'est-à-dire "Plan d'urgence à bord des navires en cas de pollution marine". En l'occurrence, il s'agit de pollution par des substances liquides nocives ou des produits chimiques.
En fait, ce plan, défini par la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (ou MARPOL), détaille les procédures à mettre en œuvre en cas de déversement accidentel en mer de produits chimiques.
Un plan similaire, appelé "Shipboard Oil Pollution Emergency Plan" (SOPEP) ou "Plan d'urgence à bord des navires contre la pollution par les hydrocarbures" existe pour les pollutions pétrolières.
Tout navire de plus de 150 tonneaux de jauge brute, transportant des substances nocives en vrac, est tenu de détenir à son bord un SMPEP ou "Plan d'urgence à bord des navires en cas de pollution marine" avec ses équipements et de s'y conformer en cas de déversement accidentel de ces produits.
Sur la photo qui suit, on voit un baril de ce type dans lequel un membre d'équipage semble déposer un produit à l'aide d'une pelle.
Source: https://training.mariner.com.hr/sopep-smpep-familiarization/ tous droits réservés
Il faut espérer que le baril échoué sur la côte de Plouhinec a été perdu par un navire alors qu'il était vide. S'il avait servi à récupérer et stocker des produits chimiques quand il a été perdu, il est à redouter que la pollution ait bien eu lieu, compte tenu de son état très dégradé.