Sur la plage de Plovan (Finistère), au niveau du village de Gronval, gisent des "ailes d'anges" à côté de petits blocs de tourbe perforés. Septembre 2021.
Ces "ailes d'anges" sont en fait des coquilles de pholades blanches (Barnea candida), mollusques bivalves (à deux coquilles) dont la particularité est de creuser des trous dans des matériaux tendres (bois ou tourbe) ou plus ou moins durs (roches calcaires par exemple) dans lesquels ils s'abritent des prédateurs. Il est assez rare de trouver des "ailes d'ange" intactes sur l'estran tant leur finesse les rend fragiles.
Il ne fait aucun doute que les trous traversant les petits blocs de tourbe gisant à côté de ces coquilles sont l'œuvre de ces pholades.
Ce qui surprend, c'est que des animaux dont la coquille d'apparence si fine, délicate et fragile soient capables de creuser de la roche. Ce sont les fines épines réparties sur les côtes de croissance de la coquille qui permettent cet "exploit": l'animal pivote très lentement sur lui-même en s'enfonçant dans le matériau. Une théorie selon laquelle les pholades secréteraient une substance acide est controversée, et n'est à ce jour pas démontrée.
Quoi qu'il en soit, les spécimens trouvés sur la plage de Plovan n'ont pas eu besoin d'acide pour forer le matériau très tendre qu'est la tourbe.
Pourquoi ces animaux, exclusivement marins, ont-ils trouvé de la tourbe, exclusivement formée dans des eaux douces, pour creuser leur "refuge" ? Parce que cette tourbe s'est formée, voici plusieurs centaines ou milliers d'années, au fond d'un étang qui s'étendait alors plus au large de la côte actuelle de Plovan.
C'est sur la plage en face du minuscule étang situé près du village de Gronval qu'ont été trouvées les coquilles de pholades et les blocs de tourbe. Carte topographique I.G.N. Source: geoportail.gouv.fr
Le cordon de galets formant encore aujourd'hui barrage à l'écoulement des eaux de ruissellement se trouvait plus à l'Ouest de sa position actuelle. La mer a progressivement repoussé ce cordon de galets vers les terres, réduisant la superficie de l'étang jusqu'à n'en laisser subsister qu'un vestige. Ce phénomène a eu des conséquences similaires un peu plus au Sud au niveau de l'étang de Kergalan (1). Ici, c'est de la tourbe qui est restée en place, sous l'eau de mer, fournissant aux pholades un substrat adéquat.
Les courants, la houle, désagrègent le banc de tourbe, et en amènent sur la plage des blocs contenant encore les coquilles des pholades qui les ont perforés.
Pour en apprendre davantage sur les pholades, cliquer sur ces liens:
Les restes d'un phoque mort (Halichoerus grypus) gisent sur le sable de la plage de Tréguennec (Finistère). Février 2018.
Les animaux charognards ont accompli leur tâche de nettoyage, goélands, insectes et peut-être aussi de rares mammifères opportunistes fréquentant la plage.
Il s'agit peut-être du spécimen trouvé approximativement au même endroit trois semaines auparavant. Cliquer sur cette photo:
Sur la plage de Tronoën en Saint-Jean-Trolimon (Finistère), de minuscules billes d'un blanc translucide se mêlent à la laisse de mer. Février 2021.
Certains les appellent des larmes de sirène.
Mais ce qui se cache sous cette dénomination poétique, c'est des petites billes de plastique qui sont, en fait, une pollution.
Il ne faut pas les confondre avec les microplastiques, autres polluants provenant de la dégradation d'objets en plastique sous les effets des vagues et de leur exposition au soleil.
Ces billes, le plus souvent blanches, sont une matière première servant aux industriels à fabriquer des objets en plastique. Si elles arrivent sur les plages, c'est parce qu'un chargement en a été perdu en mer pendant son transport.
Dans le monde entier, les côtes sont polluées par ces billes qui sont confondues avec de la nourriture par la faune marine, oiseaux ou poissons.
Sur la plage de Tréogat (Finistère), le corps d'un requin peau bleue (Prionace glauca) a été déposé par la mer tout près de l'exutoire de l'étang de Trunvel. Juillet 2021.
On retrouve bien sa silhouette effilée caractéristique et son long museau.
Il est assez rare de trouver sur l'estran des spécimens de cette espèce, si l'on compare à la fréquence des découvertes de dauphins, marsouins ou phoques.
Cette espèce n'est pas considérée comme dangereuse.