Eboulement de falaise à Cléden-Cap-Sizun

Publié le par DL

Depuis le sentier côtier qui longe la baie de Douarnenez entre la Pointe du Van et celle de Castel Meur, en Cléden-Cap-Sizun (Finistère), on aperçoit un affaissement de terrain en haut de la falaise. Septembre 2018.

Le site vu de l'Ouest.

C'est apparemment la couche superficielle qui est descendue d'environ 1,50 m.

Le même site vu de l'Est.

Cerclée de rouge, la localisation du site. Carte de l'Institut Géographique National (IGN). Source geoportail.gouv.fr

En poursuivant la randonnée vers l'Est, on se rend compte que c'est tout un pan de la falaise qui s'est effondré, entraînant seulement, pour une partie du terrain situé au sommet de la falaise, un affaissement de 1,50 m. 

Sous la flèche, le site des deux photos précédentes.

Naïvement on pense que ce sont des falaises de granit qui bordent cette partie du Cap-Sizun, et on les imagine solides, résistantes, inaltérables. 

En réalité, la géologie de cet endroit est un peu plus complexe.

Carte géologique harmonisée du département du Finistère. Source: Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM Service géologique national). 2008

Sur la carte géologique qui précède, les parties de couleur marron, notées 97, sont des "trondhjémites de Douarnenez et tonalites subordonnées" (472 +/- 24 Ma), et celles de couleur grise, notées 184, sont des "micaschistes à deux micas et quartzites micacés". Vous voyez de quoi il s'agit ? Moi non plus.

Il faut surtout retenir que les premières sont des roches d'origine magmatique et les secondes sont des roches métamorphiques (c'est-à-dire qui ont subi des transformation de structure et de composition sous l'effet de fortes températures et pressions).

D'après cette carte géologique, le site d'effondrement se situe dans des "trondhjémites de Douarnenez et tonalites subordonnées".

Quoi qu'il en soit, on voit ici que l'état des sols et des falaises n'est pas figé et que les paysages continuent d'évoluer sous l'effet de l'érosion.

En s'éloignant encore, on peut voir qu'un autre éboulement a eu lieu un peu plus loin.

Sous la flèche rouge, le premier éboulement, et sur la gauche, un autre, visiblement plus important. Il est probable que les deux ont eu lieu en même temps.

Cet effondrement, ou ce glissement de terrain, appelons-le comme on veut, est connu des administrations. Sur le site georisques.gouv.fr, il est répertorié comme "chute de blocs / éboulement". Sa fiche détaillée nous précise qu'il a eu lieu le 6 décembre 2002, qu'il se trouve au lieu-dit "Stangourles" entre les villages de Kerninon et Castel et qu'il a mis en mouvement entre 1 et 100 m3 de roches. Pour consulter cette fiche, cliquer sur ceci: fiche détaillée.

Sur la commune de Cléden-Cap-Sizun, d'autres mouvements de terrain sont répertoriés.

Inventaire départemental des mouvements de terrain du Finistère. Octobre 2007. L'éboulement objet du présent article est entouré de jaune. Source: infoterre.brgm.fr

Qu'est-ce qui peut déclencher un tel éboulement ? 

En fait, un éboulement peut n'être que la phase finale d'une lente évolution. La pluie ainsi que le ruissellement en provenance des terrains adjacents alourdissent la couche superficielle du sommet de la falaise et, en pénétrant dans les failles des roches sous-jacentes, ils affectent  leur cohésion. 

Bien sûr, ce ne sont pas les pluies des quelques jours qui ont directement précédé l'éboulement du 6 décembre 2002 qui ont pu, seules, provoquer le phénomène. Mais au mois de novembre 2002, la pluviométrie a été exceptionnellement élevée. Selon les relevés de la station météorologique de Quimper, il est tombé 280 mm de pluie au cours de ce mois de novembre (meteofrance.com / "quel temps faisait-il le ..."), alors que la moyenne calculée entre 1982 et 2012 pour Quimper est seulement de 125 mm (climate-data.org). Donc plus de deux fois la pluviométrie habituelle en ce mois de novembre !

Moyennes des données climatiques pour Quimper de 1982 à 2012. Source: fr.climate-data.org/

Peut-être faut-il aussi évoquer les effets du séisme intervenu le 30 septembre 2002 à 6h44 aux environs de Hennebont (Morbihan). D'une magnitude de 5,5 sur l'échelle de Richter, il a été ressenti dans toute la Bretagne, y compris dans le Cap-Sizun, ainsi qu'une réplique à 10h06 de magnitude 4,1. Ajoutons que le Cap Sizun est traversé d'Ouest en Est par une importante faille géologique appelé "Cisaillement Sud-Armoricain", et bordé sur sa côte Nord par la faille "Nord Cap-Sizun". Si ce séisme du 30 septembre n'est pas directement responsable de l'éboulement du 6 décembre 2002 à Cléden, il peut avoir fragilisé la falaise, l'accumulation des pluies du mois de novembre constituant l'élément déclencheur.

Le séisme du 30 septembre 2002. Source: dase.cea.fr

Liens:

Inventaire départemental des mouvements de terrain du Finistère

Géorisques / mouvements de terrain

Les séismes d'Hennebont du 30 septembre 2002

Tonalite Trondhjémite Granodiorite

Micaschiste

Quartzite

Publié dans Géologie hydrologie

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