Une épave dans l’anse de Kervijen.

Publié le par DL

Emergeant du sable au fond de l’anse de Kervijen en Plomodiern (Finistère), les restes d’un bateau nous intriguent. 

Plus ou moins recouverts, selon les masses de sable que la houle et les courants ont brassé dans cette anse, ces vestiges sont néanmoins très souvent visibles. 

Février 2018

Février 2019:

S’agit-il de l’ultime trace d’un drame maritime ? Pas du tout. Voici son histoire.

Ce bateau s’appelait le Douarneniste. Il a été construit en 1933 par le chantier Le Gall de Douarnenez et immatriculé sous le n° DZ 3149. C’est ce que l’on appelle un dundee, bateau de travail à voile. Dans ses cales se trouvait un vivier pour le stockage des langoustes pêchées au large de la Mauritanie.

Jaugeant 119,94 tonneaux pour une longueur de 22,04 mètres, il était équipé d’un moteur 70/77 CV DEUTZ. 

Il était semblable aux deux bateaux de cette carte postale.

Il a eu pour patrons René Le Ner de 1933 à 1949, puis M. Trocmé.

(Tous les renseignements concernant le dundee Douarneniste proviennent du site https://bagoucozdz.fr)

Si sa présence au fond de la baie de Douarnenez n’est pas due à un drame de la mer, il en a néanmoins été le théâtre à deux reprises. Le 3 janvier 1948, Louis Dérédec, 25 ans, disparaît sur la côte du Rio del Oro (Mauritanie), et en 1951, Alphonse Roma, 43 ans, décède au Cap Blanc (Mauritanie).

Il est désarmé en 1952, et vendu pour être démoli par échouage, en principe sur la plage de Sainte-Anne-la-Palud en Plonévez-Porzay. Dans les années 50, les Douarnenistes avaient l'habitude d'envoyer leur bateau « à la casse » sur les plages sableuses du fond de la baie lors des grandes marées (Ouest France  21/01/2014)

Les agriculteurs du Porzay, qui manquaient de bois de chauffage, achetaient aux pêcheurs les bateaux en fin de carrière pour les dépecer. « Les agriculteurs en avaient besoin pour faire cuire les betteraves et les pommes de terre pour nourrir leurs cochons […] Les pêcheurs tiraient le bateau jusque dans le courant, à marée haute, puis le lançaient de travers dans les vagues pour qu'il vienne se déposer le plus haut possible et ne puisse repartir. Cette fois-là, ils se sont trompés de plage ! [..] Du coup, il était trop loin de l'exploitation de celui qui l'avait acheté, un Plonévézien. Il est venu prendre un peu de bois dessus et a laissé le reste sur la plage »,  (témoignage de Thomas Briand, de Kervigen, cultivateur retraité, dans Le Télégramme du 28 août 2010).

L’examen du fond de l’épave révèle qu’il était couvert d’une couche de ciment renforcée par une armature en treillage métallique, servant sans doute à la fois à accroître l’étanchéité et à lester le bâtiment.

Pas très loin de l’anse de Kerevigen, on trouve aussi ce qui semble être un bloc moteur.  Peut-être pourrait-il provenir du Douarneniste.

D’autres bateaux immatriculés à Douarnenez ont fini leur existence sur des plages de la baie, comme le Douarneniste de l’anse de Kervijen (source: http://arbbor.free.fr/dz_bateaux.htm):
- Belle-Bretagne DZ 3139 (bateau identique à Douarneniste), dépecé en 1961 au fond de la baie de Douarnenez
- Guy Mocquet DZ 3709 (malamok), désarmé le 27.01.1968, dépecé à Tréfeuntec
- L’Yvonne DZ 3258 (dundee à vivier, comme le Douarneniste), désarmé en 1961, dépecé au fond de la baie de Douarnenez en 1962
- Louis et Renée DZ 3401 (malamok), dépecé en 1961 à Treiz Malaouen
- Mauritanie DZ 2465 (dundee à vivier), désarmé en 1923, dépecé en 1928 aux Plomarchs    
- Mont Blanc (dundee à vivier), dépecé fond de baie en 1953

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