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Un filet de pêche échoué sur la plage de Kermor

Publié le par DL

Ce qui ressemble à un immense filet de pêche est échoué en haut de l'estran sur la plage de Kermor en Combrit (Finistère). Février 2019.

Il est apparemment long de 25 à 30 mètres.

Il semble être fait d'une matière naturelle: lin, coton ou chanvre .

Liens:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Filet_de_pêche

https://wwz.ifremer.fr/peche/Le-monde-de-la-peche/La-peche/comment/Les-engins

https://wwz.ifremer.fr/peche/Le-monde-de-la-peche/La-peche/comment/Conception-et-fabrication

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/cls-teste-un-systeme-pour-debarrasser-les-oceans-des-filets-de-peches-abandonnes-1209086

Publié dans Laisses de mer

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Des carottes sauvages à Primelin

Publié le par DL

Entre la plage du Loc'h et la pointe de Castel en Primelin (Finsitère), le bord du sentier côtier est couvert de fleurs de carottes sauvages (Daucus carota). Juin 2020.

Les fleurs sont regroupées en ombelles plates ou légèrement bombées. Les ombelles sont brun-bordeaux quand elles sont en bouton, et blanches quand les fleurs sont ouvertes.

Les carottes sauvages que l'on rencontre sur le littoral sont différentes de celles que l'on trouve à l'intérieur des terres: par leur adaptation à ce milieu chargé en embruns, leurs feuilles secrètent une gomme-résine. Par ailleurs, contrairement aux carottes sauvages de l'intérieur des terres, les ombelles des carottes sauvages du littoral ne se recourbent pas en forme de nid au moment de la montée en graines.

Liens:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Daucus_carota

https://blog.defi-ecologique.com/carotte-sauvage/

http://www.jardinsdenoe.org/la-carotte-sauvage/

http://www.lavisdesplantes.fr/carotte-sauvage-carte-identite/

Publié dans Flore littorale

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Le moulin de Kervily, au péril de la mer

Publié le par DL

A Penmarc'h (Finistère), entre le port de Kérity et le phare d'Eckmühl à Saint-Pierre, on ne peut manquer les vestiges d'un ancien moulin à vent.

Tout près, un panneau de rue nous dévoile son nom: "Banell Meilh Kervili" (en français "Venelle du moulin de Kervily). Kervily est, à l'origine, un des nombreux villages dépendant de Penmarc'h, comme Saint-Pierre, Saint-Guénolé ou Kérity, tout proche. Aujourd'hui moins connu que ce dernier, il n'est parfois considéré que comme son faubourg.

Position du moulin de Kervily (cerclée de rouge). Carte de l'Institut géographique national. Source: geoportail.gouv.fr

A priori, trouver un ancien moulin à vent à cet endroit n'a rien de particulièrement extraordinaire. Pourtant, à bien y réfléchir, cette localisation est quelque peu surprenante. En effet, d'une part les moulins à vent sont généralement implantés sur des points élevés et celui-ci est seulement à une altitude de 4 mètres (altitude mesurée par rapport au niveau de la mer dans le cadre du Nivellement Général de La France ou NGF. Le niveau 0 de la mer est celui déterminé pour la Méditerranée par le marégraphe de Marseille. Il ne tient pas compte de l'importance des marnages en Atlantique). D'autre part, le moulin de Kervily a été bâti vraiment très près de la mer puisque, aujourd'hui, il est à moins de 20 mètres du point atteint par la pleine mer lors des grandes marées. 

Photo aérienne. Source Institut Géographique Nationale / geoportail.gouv.fr

On peut donc se demander pourquoi on a choisi d'établir un moulin dans un endroit aussi exposé au risque de submersion marine. C'est peut-être parce que, à l'époque de sa construction, cette pointe Sud-Ouest de Penmarc'h se trouvait très isolée du reste de la paroisse, en particulier du bourg, et que les autres moulins, quoi que bâtis sur des points plus élevés, étaient jugés trop éloignés pour les habitants des villages autour de Saint-Pierre et de Kérity.

En 1925, dans "Penmarc'h - Son histoire - Ses monuments" F. Quiniou, ancien recteur de Penmarc'h fait le constat de cette situation particulière.

Comme on peut le voir sur l'extrait de la carte de Cassini ci-dessous, à la fin du 18° siècle, une grande partie du territoire de Penmarc'h était alors couverte de marais et de paluds, rendant difficile la circulation d'un village à l'autre.

Sur cet extrait de la carte dite de Cassini, levée en 1783, le moulin de Kervily est figuré (cerclé de rouge), ainsi que 5 autres moulins de Penmarc'h (cerclés de jaune) situés plus loin de la mer et sur des secteurs sensiblement plus élevés. Source: logiciel de cartes géographiques anciennes CDIP.

Détail de la carte ci-dessus.

A quand remonte la construction de ce moulin de Kervily ? Jusqu'à présent, les archives consultées ne l'ont pas explicitement révélé. Les traces les plus anciennes de son existence sont sa représentation sur des cartes marines publiées dans les années 1770.

 Sur cette carte marine de la "Côte de Penmarch", publiée en 1770, si deux moulins sont représentés à Kerity, ainsi que le "moulin Goalic", celui de Kervily ne l'est pas. S'il avait existé lors de la levée de cette carte, le cartographe n'aurait sans doute pas manqué de le faire figurer (le cercle rouge marque sa localisation actuelle). Source: gallica.bnf.fr

La figuration de moulins sur les cartes marines n'a rien d'étonnant puisque, à l'instar d'un clocher d'église, ils servaient d'amer aux navigateurs.

Sur cette carte de la "Pointe de Penmarch", publiée en 1771-1785, le moulin de "Kervilly" est représenté sous la dénomination "Min ar Not". 3 autres moulins sont représentés ("Min  de Boloré", "Min Talarou" et un "Min Ruiné"). Source: gallica.bnf.fr

Ainsi, le moulin de Kervily est appelé "Moulin ar Not" par le cartographe. D'où vient ce nom ? Est-ce celui de son propriétaire, comme c'est sans doute le cas pour le "Moulin Boloré" ? Cela a-t-il une autre signification ? On peut imaginer qu'il s'agit d'une abréviation de "ar Noter", pour "moulin du notaire" (un moulin, équipement assez coûteux, pourrait avoir été bâti pour le compte d'un notaire royal, personnage souvent aisé, voire fortuné).

Mais une autre explication serait plus logique: le moulin de de Kervily pourrait porter le nom de son propriétaire ou de son meunier, comme c'est vraisemblablement le cas pour le "moulin de Boloré" (en effet, selon le site Internet  de généalogie Geneanet.org, un Joseph Bolloré (1672-1739) et son fils Pierre Bolloré (1706-1756), mentionnés dans les registres de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse, ont été meuniers à Penmarc'h. De même, le "moulin Goalic", figurant sur la carte de la côte de Penmarc'h qui précède, tient certainement son nom d'une famille Goalic présente à Penmarc'h au 18° siècle). 

Pour le "moulin ar Not", on pourrait donc être en présence d'un patronyme "ar Not" ou plus probablement Arnot. Si les archives et sites Internet consultés n'ont pas permis de trouver ce patronyme à Penmarc'h, il est néanmoins courant dans le Finistère (Porspoder, Lanildut, Plouyé, Trévarn), fréquent dans le Morbihan et présent dans les côtes d'Armor. Certains meuniers étaient très mobiles et passaient souvent d'un moulin à l'autre, et si un certain Arnot a exercé à Kervily, pendant la durée de sa présence, il peut n'avoir pas été mentionné dans les registres paroissiaux, source essentielle des sites de généalogie.

Trois moulins à Penmarc'h sur la "Carte generale des costes de Bretagne, comme elles paroissent de mer basse dans les plus grandes marées", publication en 1773. Source: gallica.bnf.fr

Si les dates de publication des cartes marines sont fiables, on peut en déduire que le moulin de Kervily a été bâti entre 1770 (carte de la "Côte de Penmarch" plus haut) et 1773 (carte ci-dessus).

Extrait de la carte marine "Plan des roches de Penmarc'h. Levé en 1818. Pilote français (Environs de Brest)". Source: gallica.bnf.fr

Le moulin de Kervily avait donc été bâti en un lieu susceptible de subir des submersions marines. Et ce n'est pas une simple vue de l'esprit. A de multiples reprises, les villages proches du littoral de Penmarc'h, comme Saint-Guénolé, Saint-Pierre et Kérity ont été envahis par la mer en furie.

C'est d'ailleurs une des préoccupations majeures exprimées par la population dans les cahiers de doléances de la paroisse de Tréoultré-Penmarc'h rédigés en avril 1789.

Extraits du cahier de doléances du Tiers-Etat de la paroisse de Tréoultré-Penmarc'h: "... En 1615 Tréoultré-Penmark étoit une des plus riches paroisses du canton. Le commerce et la pêcherie qu'on y faisoit alors, étoient très considérables. Depuis cette époque la mer a gagné les plages voisines et une partie des terres ensemencées [...] Leur unique ressource est la moisson, souvent dévastée par les inondations de la mer, ou débordement des marais, les terres labourables étant de niveau ... "  Source: archives.finistere.fr

On le voit, les inondations, les submersions marines étaient donc habituelles à Penmarc'h, et si ces terribles épisodes ne sont bien documentés qu'à partir du 19°siècle, comme on le verra plus bas, il n'est pas douteux qu'ils devaient aussi se succéder dans les siècles précédents, même s'ils n'ont laissé que peu de traces dans les archives. Le moulin de Kervily, situé en première ligne, face à la mer, a donc certainement subi ces inondations à de nombreuses reprises.

Le moulin de Kervily en 1920. Cliché de Georges Chevalier.
Source: Musée Albert-Kahn / Département des Hauts-de-Seine [collections.albert-kahn.hauts-de-seine.fr] N° d'inventaire A 20 244 S / Collection Archives de la Planète. Licence "Archives de la Planète"

Sur la photographie qui précède, datée de 1920, on aperçoit le muret de pierres qui entoure le moulin. A droite, on voit les rochers dénudés que devaient atteindre les plus grandes marées. Bien qu'on ne la voie pas sur ce cliché, la proximité de la mer est attestée par la présence, au premier plan, de ce canot tiré au sec sur le sable.

          Photo aérienne du 01/01/1923, c'est-à-dire presque contemporaine de la photo qui précède. On retrouve le muret de pierres en forme de goutte entourant le moulin. IGN (Institut géographique national). Source: remonterletemps.ign.fr

Détail de la photo aérienne précédente. On distingue les ailes du moulin côté Ouest, et le timon côté Est. Entre le moulin et les rochers de la côte, les petites taches sombres sont vraisemblablement des tas de goëmon mis à sécher sur le sable.

Les épisodes d'inondation, de submersion marine à Penmarc'h sont assez bien documentés depuis le 19° siècle:  
- 1867: Submersion marine au niveau du site de la Joie avec inondation de la plaine comprise entre St-Guénolé, Kérity et Penmarc’h.
- 4/12/1896 : Submersion de 38 hectares entre Kérity et Saint-Guénolé, jusqu’au marais de Lescors. Le mur qui protégeait le sémaphore fut détruit sur plusieurs dizaines de mètres et une brèche apparut au droit de Kérity.
- 12/02/1899 : La tempête produisit de nombreux ravages, dont le plus marquant fut la démolition du mur de quai de Kérity par le raz de marée.
- 02/02/1904: Plus d’un tiers de la commune fut recouvert par les eaux et la plupart des maisons furent inondées. A Kérity, le môle fut endommagé et sa plateforme fut en partie enlevée. A Saint-Pierre, les dunes furent complètement rasées.
- 04/02/1912: La mer inonda Saint-Pierre et Saint-Guénolé.
- 30/10/1913: Submersion d’une partie de Penmarc’h (St-Pierre et St-Guénolé). Au niveau de Kérity, le mur de protection subit un affouillement et la dune à l’Est de ce mur fut érodée.
- 13/12/1915: Saint-Pierre et Saint-Guénolé furent soumis à de nouvelles submersions.

Sources: "Atlas des submersions marines de l'estuaire de la Loire / Liste des événements historiques ayant touché la côte Atlantique à proximité du secteur d'étude / ARTELIA 2013" et "Plan de prévention des risques naturels littoraux . Département du Finistère / Préfecture du Finistère 2015".

Pour le détail des dégâts dus aux submersions marines à Penmarc'h de décembre 1896, février 1904 et janvier 1924, on se reportera avec beaucoup de profit au site KBCPENMARC'H fort bien documenté et illustré (cliquer sur ces liens): 

KBCPENMARCH: Le raz de marée du 4 décembre 1896

KBCPENMARCH: Le raz de marée du 2 au 3 février 1904

KBCPENMARCH: Le raz de marée du 8 au 9 janvier 1924

Tout comme on ignore la date précise de construction du moulin de Kervily, on ne sait pas jusqu'à quelle date il a fonctionné. 

Le moulin de Kervily. Auteur: Philippe Tassier. Vue prise lors d'un voyage en Bretagne entre 1908 et 1912. Au pied du moulin, et au tout premier plan, des tas de goëmon ou mulons. Collection Musée de Bretagne. 

Sur la photo qui précède, la couverture du moulin semble être en chaume, peut-être en roseaux, ressource gratuite et particulièrement abondante dans les marais de Penmarc'h. On voit aussi, à l'arrière du moulin, le timon (aussi appelé "queue de moulin"), avec lequel le meunier faisait pivoter l'ensemble de la toiture et les ailes pour orienter celles-ci face au vent.

Sur cette carte postale, malheureusement non datée, les ailes du moulin sont équipées de leurs toiles. A niveau de la couverture, à l'endroit où le timon est fixé à la toiture, le chaume semble en mauvais état. L'aspect de face plane plus claire d'une partie de la maçonnerie est une illusion d'optique: la différence de couleur est vraisemblablement dû à l'écoulement de l'eau de pluie qui a "nettoyé" une partie du mur.

On pouvait accéder à l'intérieur du moulin par deux portes diamétralement opposées, l'une ouvrant au Nord et l'autre au Sud, de façon à pouvoir entrer ou sortir y compris quand les ailes tournaient devant l'une d'elles.

Pour défendre la côte des intrusions marines entre Saint-Pierre et Kérity, des protections sont construites, à la fois sur terre et en mer, dès le 19° siècle et jusqu'au 21° siècle:

- 1872 construction du môle-abri du port de Kérity et d'un mur de défense de part et d'autre de celui-ci;

- 1882 enrochement le long du chemin du Gorret;

- 1930 mur de défense au Nord et au Sud du phare d'Eckmühl et mur du Goret vers Kérity;

- 1934-1935 construction du brise-lame de Kérity;

- 1939 mur de Kervily;

- 1970 mur de Kérity à l'Ouest du port vers le mur de Kervily;

- 1988 mur de défense entre le Goret et Kervily

(source: Plan de Prévention des Risques Naturels Littoraux, département du Finistère, 2015).

Sur cette photographie aérienne du 28/04/1954, le moulin de Kervily a perdu sa couverture, ses ailes et son timon. On voit les murs de défense contre la mer construits en 1939. Source: remonterletemps.ign.fr

Malgré ces murs de défense, la situation du moulin de Kervily et des maisons construites dans ce quartier reste précaire face au déchaînement de la mer, comme on peut le voir sur ces images extraites d'une vidéo réalisée lors de la tempête du 1er février 2014 (coefficients de marée supérieurs à 110). Avec l'aimable autorisation du vidéaste, Bigoudenn29000 (Voir la vidéo complète en fin de cet article).

Sur ces images, on voit les vagues passer par-dessus le mur de défense. On peut imaginer ce qui se serait passé, ce 1er février 2014, sans ce mur qui se trouve pourtant submergé par des vagues somme toute pas très spectaculaires. On peut surtout imaginer ce qui s'est passé lors des tempêtes de 1896, 1904 et 1924.

Aujourd'hui, le moulin de Kervily menace ruine. Ne serait-il pas paradoxal que la négligence des hommes laisse maintenant disparaître un patrimoine, témoin de la vie de ceux qui nous ont précédés, précieux témoin que la furie des éléments n'a pas  encore réussi à détruire en 250 ans d'existence ?

Photos Jean-Louis Guegaden.

Vidéo de l'intérieur du moulin de Kervily filmé par Jean-Louis Guegaden que je remercie vivement:

Vidéo de la tempête du 1er février 2014 (Bigouden29000 que je remercie de son aimable autorisation):

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