Dans la microfalaise qui surplombe l'estran sur le littoral de Plozévet (Finistère), des hirondelles de rivage (Riparia riparia) ont établi leurs nids. Août 2022.
Elles ont choisi deux niveaux pour creuser la galerie au fond de laquelle elles nichent. Soit immédiatement sous le sommet de la falaise:
Soit à mi-hauteur de la falaise:
Outre une position qui les met relativement à l'abri d'éventuels prédateurs, c'est sans doute la nature et la consistance du substrat qui a guidé leur choix. Il faut que ce substrat soit à la fois suffisamment friable pour être creusé sans trop de difficulté et suffisamment solide et compact pour ne pas s'effondrer sous le poids des couches supérieures.
La côte du pays bigouden semble assez propice à l'établissement de colonies d'hirondelles de rivage (1) (2).
Bien que nous fréquentions très régulièrement cette partie de la côte de Plozévet, nous n'avions pas encore remarqué cette colonie. Si le substrat est assez solide, ces nids peuvent être occupés plusieurs années de suite.
Dans ce secteur, pour nourrir leurs petits, les hirondelles adultes trouvent des insectes au-dessus de parcelles cultivées, de quelques parcelles en friche et sans doute, le cas échéant, d'amas d'algues en putréfaction. (Voir la vidéo en fin de cet article).
Une fois les petits élevés, adultes et juvéniles partent hiberner dans le Sud et l'Est de l'Afrique.
Il n'est pas rare de trouver des oiseaux marins morts sur les plages de Tréogat et de Tréguennec (Finistère). Exceptionnellement, il peut s'agir d'un fou de Bassan (Morus bassanus), mort d'épuisement ou piégé par un bout ou un hameçon (1).
Mais en ce mois d'août 2022, c'est pas moins de seize cadavres de fous de Bassan que la mer a déposés sur le sable sur une distance de 2 kilomètres entre Kerbinigou (Tréogat) et Kermabec (Tréguennec). (Voir la vidéo en fin de cet article).
Curieusement, alors qu'une colonie de goélands (Larus argentatus et Larus marinus) réside en permanence au centre de cette zone, aucun cadavre de ces espèces n'y a été trouvé.
En revanche, le corps d'un cygne (Cygnus olor) gît derrière le cordon de galets au bord d'une partie de l'étang de Trunvel.
Il n'est pas douteux que cette hécatombe est due à l'épidémie de grippe aviaire qui sévit à cette époque en Bretagne et en particulier dans le Finistère.
Il est probable que la promiscuité qui règne dans les immenses colonies de fous de Bassan au moment de la reproduction et de l'élevage des poussins (Les Sep Îles dans les Côtes d'Armor pour la Bretagne) favorise la contamination de la grippe aviaire. Les adultes, partis pêcher en mer, y meurent.
A l'extrémité Sud de l'Île Chevalier en Pont l'abbé (Finistère), une plante aux fleurs bleues s'épanouit dans le sable entre les affleurements rocheux. Juin 2022.
C'est de la Lavande de mer (Limonium vulgare), aussi appelée Statice de mer, Immortelle bleue, Saladelle, Lilas de mer ...
Comme la salicorne, la lavande de mer aime les milieux salés. C'est une plante protégée qu'il est interdit de cueillir.
Sur la plage du Teven, à la limite de Combrit et de l'Île-Tudy (Finistère), comme tous les hivers, la mer a emporté au large d'importantes masses de sable. Cela a dégagé de grandes plaques sombres assez compactes. Février 2021.
Par endroits, à la surface de ces plaques, on voit les traces laissées par des racines de plantes.
Ce phénomène illustre le recul du trait de côte à cet endroit, et en particulier le recul de la dune.
En effet, ces plaques sombres sont les vestiges de la lagune (aussi appelée marais arrière-dunaire) qui se trouvait à l'arrière de la dune et qui, après avoir été en grande partie asséchée, forme aujourd'hui un polder.
Jusqu'au milieu du 19° siècle, l'Île-Tudy était vraiment une île partiellement reliée à la terre par un cordon de dunes discontinu attaché, au Nord-Est, à la pointe de Combrit.
Sur cette carte marine de l'entrée de la rivière de Pont-l'Abbé (1771-1785), le cordon dunaire reliant l'Île-Tudy à la pointe de Combrit est nettement représenté. Source: gallica.bnf.fr
Autre carte marine tirée du Pilote français (1819-1822). Source: gallica.bnf.fr
A chaque marée haute, la mer envahissait l'arrière de la dune par la passe entre Loctudy et l'Île-Tudy et par l'anse de Pouldon, ainsi que par quelques trouées (ou graux) non permanentes dans le cordon dunaire (que l'on peut voir sur la carte précédente), et déposait des sédiments. A marée basse, le marais ainsi formé s'asséchait. La superficie noyée par la mer dépendait naturellement de l'importance du coefficient de chaque marée. Aujourd'hui, un phénomène similaire se produit dans ce qu'on appelle "la Mer Blanche" entre la pointe de Bénodet et celle de Mousterlin à Fouesnant.
Jusqu'au milieu u 19° siècle, le marais arrière-dunaire entre l'Île-Tudy et Combrit devait avoir un aspect similaire à la Mer Blanche entre Bénodet et la pointe de Mousterlin. Photo aérienne. Source: geoportail.gouv.fr
Détail de la photo précédente. C'est la partie de la Mer Blanche qui n'est submergée par la mer que lors des marées hautes de vives eaux. Le marais arrière-dunaire de l'Île-Tudy-Combrit devait avoir cet aspect. Même source que ci-dessus.
Les sédiments déposés par la mer dans ce marais s'accumulaient progressivement, et dans des secteurs recouverts seulement aux grandes marées, quelques plantes supportant la salinité du sol s'implantaient (salicorne par exemple).
Dans les années 1852-1853, deux aristocrates, Duplessis de Grénédan et De Crésolles, désireux de mettre en valeur ces espaces à l'arrière de la dune, entreprennent la construction de la digue de Kermor, entre la partie Sud-Ouest du cordon dunaire et la pointe du Haffond, séparant ainsi la lagune de l'anse de Pouldon. Dans le même temps, les trouées dans le cordon dunaire, au niveau du Treustel sont comblées. Ces travaux entraînent la poldérisation de l'ancien marais.
Photo aérienne des lieux. Source: geoportail.gouv.fr
Mais si cette zone à l'arrière de la dune se trouve ainsi figée, il n'en va pas de même pour la dune proprement dite. Elle recule, du moins dans cette partie au niveau de la plage du Téven. Avec des phases d'amaigrissement et d'engraissement successifs de la plage, la dune aurait reculé en moyenne de 40 centimètres par an entre 1852 et 1990 (Préfecture du Finistère. Plan de prévention des risques naturels prévisibles / Submersion marine. Février 1997). La dune a donc commencé par déborder sur l'ancien marais arrière-dunaire, et, en continuant de reculer vers le Nord, elle a fini par laisser reparaître, au Sud, d'anciens sédiments sablo-vaseux, le plus souvent cachés par le sable de la plage.
Avant la construction de la digue de Kermor, la mer envahissait la lagune à chaque marée, et y déposait des sédiments.
La construction de la digue de Kermor (1852-1853) a provoqué la poldérisation de l'ancien marais. La végétation a pu s'y installer. Les terres ainsi gagnées sur la mer ont été cultivées ou converties en pâtures. Le cordon dunaire a commencé à se déplacer vers l'intérieur du polder, et à recouvrir les anciens sédiments.
Le cordon dunaire a poursuivi sa progression à raison d'environ 40 cm par an entre 1852 et 1990.
Le cordon dunaire laisse maintenant réapparaître les anciens sédiments du marais à l'occasion de démaigrissements de la plage.
Il est très probable que le processus va se poursuivre. Des tentatives pour essayer de contrarier le recul du cordon dunaire de Combrit-Île-Tudy ont été entreprises, mais n'ont abouti, au mieux, qu'à le ralentir momentanément.
Des géotextiles et des filets censés retenir le sable de la plage de Kermor reparaissent occasionnellement lors de forts coups de mer. Ici en décembre 2019.
Lors des prochaines tempêtes d'hiver, il est probable que nous verrons encore apparaître les sédiments de l'ancienne palue de Combrit-Île-Tudy.
Lors d'une promenade sur l'estran entre Prat Meur et Porzambréval en Plozévet (Finistère), nous remarquons un phoque au repos dans une crique, assez loin des falaises. Août 2022.
L'animal, immobile, se laisse porter par la mer, la tête le plus souvent tournée vers le rivage, se contentant de la dresser occasionnellement à la verticale.
A cette distance, et faute d'être équipé d'un pied d'appareil photo permettant de le stabiliser, il est bien difficile d'identifier son espèce. Phoque gris (Halichoerus grypus) ou phoque veau marin (Phoca vitulina) ?
Nous pouvons l'observer ainsi pendant près de 45 minutes, avant qu'il se mette à plonger durant environ deux minutes pour réapparaître au même endroit et reprendre la même position.
Il a disparu comme cela trois ou quatre fois avant de ne plus reparaître. Sa "sieste" était vraisemblablement terminée. A une dizaine de minutes près, il s'agissait de la fin de la marée basse et du début de la remontée de la mer.