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Une épave devant Beg an Ty Garde

Publié le par DL

Ce 13 mars 2020, sur la plage de Sainte-Anne-la-Palud en Plonévez-Porzay (Finistère), quelque chose attire l'attention devant la pointe de Beg-an-Ty-Garde. 13 mars 2020.

C'est quelque chose que l'on n'avait pas encore remarqué lors de précédentes visites de ce secteur.

D'évidence, il s'agit des vestiges d'un bateau. 

Jusqu'alors, ils étaient restés invisibles, enfouis sous le sable. Les récentes grandes marées (coefficients 116 et 117 le 11 mars, 111 et 115 le 12 mars et 106 le 13 mars), combinées à d'assez fortes houles, ont emmené le sable au large, amaigrissant la plage.

Entre les deux extrémités de ce bateau, une partie est encore recouverte de sable, mais on voit qu'il s'agit d'une unité d'assez grandes dimensions. 

Dans un premier temps j'avais pris cette épave pour celle du Guy Mocquet. Je dois à l'obligeance de M. Yannick Bunel, qui  attiré mon attention sur cette erreur, d'avoir pu montrer dans un précédent article les restes de l'épave du Guy Mocquet (1). Qu'il en soit ici à nouveau remercié.​

L'identification de cette épave reste donc à faire.

Cerclée de rouge, la localisation de l'épave de Beg an Ty Garde. La croix rouge marque la localisation de l'épave du Guy Mocquet. Carte topographique IGN. Source: geoportail.gouv.fr

Tout comme le Guy Mocquet, ce bateau a donc fini sa carrière sur la plage de Sainte-Anne-la-Palud: vendu à un cultivateur pour qu'il en récupère le bois, il a été échoué à cet endroit par son patron pêcheur à l'occasion d'une grande marée. 

C'est une pratique courante jusqu'au milieu du 20° siècle. Les cultivateurs du Porzay, au fond de la baie de Douarnenez, s'approvisionnent ainsi en bois destiné, entre autres usages, à la cuisson des aliments des cochons. Dans l'anse toute proche de Kervijen en Plomodiern, on voit encore aujourd'hui les restes du Douarneniste, dundee construit en 1933 et désarmé en 1952 (2).


Quelques semaines plus tard, l'épave de Beg an Ty Garde avait disparu, de nouveau recouverte de sable. Elle est réapparue en janvier 2021 après un coup de houle et avec l'aide du ruisseau Le Lapic qui a sans doute contribué à en dégager l'extrémité et à évacuer le sable qui la recouvrait (voir la vidéo en fin d'article).

Depuis la publication de cet article, cette épave a été identifiée: il s'agit du Mont-Blanc, dundee mauritanien de 22,76 mètres, immatriculé DZ 3146. On peut consulter les informations de concernant sur le site bagoucozdz.fr:

 https://www.bagoucozdz.fr/fr/bateaux/mont-blanc-dz3146

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Goéland pris au piège

Publié le par DL

La marée a déposé un goéland mort, mêlé à un paquet d'algues, sur la plage de Tréguennec (Finistère). Juillet 2021.

Il est probablement mort noyé après s'être "hameçonné" sur un leurre de pêche.

Sur la photo qui précède, on voit qu'un des hameçons du leurre s'est piqué dans le bec du goéland.

Sur cette autre photo, on voit qu'un second hameçon s'est piqué dans une patte du goéland.

L'oiseau a sans doute repéré et pris pour un vrai poisson ce leurre perdu par un pêcheur et flottant dans l'eau, accroché au paquet d'algues.

Ainsi doublement "hameçonné", le goéland n'avait aucune chance de s'en sortir.

 

Publié dans Laisses de mer

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Ailes d'anges et tourbe noire à Plovan

Publié le par DL

Sur la plage de Plovan (Finistère), au niveau du village de Gronval, gisent des "ailes d'anges" à côté de petits blocs de tourbe perforés. Septembre 2021.

Ces "ailes d'anges" sont en fait des coquilles de pholades blanches (Barnea candida), mollusques bivalves (à deux coquilles) dont la particularité est de creuser des trous dans des matériaux tendres (bois ou tourbe) ou plus ou moins durs (roches calcaires par exemple) dans lesquels ils s'abritent des prédateurs. Il est assez rare de trouver des "ailes d'ange" intactes sur l'estran tant leur finesse les rend fragiles. 

Il ne fait aucun doute que les trous traversant les petits blocs de tourbe gisant à côté de ces coquilles sont l'œuvre de ces pholades

Ce qui surprend, c'est que des animaux dont la coquille d'apparence si fine, délicate et fragile soient capables de creuser de la roche. Ce sont les fines épines réparties sur les côtes de croissance de la coquille qui permettent cet "exploit": l'animal pivote très lentement sur lui-même en s'enfonçant dans le matériau. Une théorie selon laquelle les pholades secréteraient une substance acide est controversée, et n'est à ce jour pas démontrée.

Quoi qu'il en soit, les spécimens trouvés sur la plage de Plovan n'ont pas eu besoin d'acide pour forer le matériau très tendre qu'est la tourbe.

Pourquoi ces animaux, exclusivement marins, ont-ils trouvé de la tourbe, exclusivement formée dans des eaux douces, pour creuser leur "refuge" ? Parce que cette tourbe s'est formée, voici plusieurs centaines ou milliers d'années, au fond d'un étang qui s'étendait alors plus au large de la côte actuelle de Plovan.

C'est sur la plage en face du minuscule étang situé près du village de Gronval qu'ont été trouvées les coquilles de pholades et les blocs de tourbe. Carte topographique I.G.N. Source: geoportail.gouv.fr

Le cordon de galets formant encore aujourd'hui barrage à l'écoulement des eaux de ruissellement se trouvait plus à l'Ouest de sa position actuelle. La mer a progressivement repoussé ce cordon de galets vers les terres, réduisant la superficie de l'étang jusqu'à n'en laisser subsister qu'un vestige. Ce phénomène a eu des conséquences similaires un peu plus au Sud au niveau de l'étang de Kergalan (1). Ici, c'est de la tourbe qui est restée en place, sous l'eau de mer, fournissant aux pholades un substrat adéquat.

Les courants, la houle, désagrègent le banc de tourbe, et en amènent sur la plage des blocs contenant encore les coquilles des pholades qui les ont perforés.

Pour en apprendre davantage sur les pholades, cliquer sur ces liens:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pholadidae

https://www.lestaxinomes.org/media18623

https://doris.ffessm.fr/Especes/Barnea-candida-Pholade-blanche-2121

https://www.zoom-nature.fr/pholades-des-foreurs-de-pierres-au-service-de-la-biodiversite/

Publié dans Laisses de mer

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Un phoque mort à Tréguennec

Publié le par DL

Les restes d'un phoque mort (Halichoerus grypus) gisent sur le sable de la plage de Tréguennec (Finistère). Février 2018.

Les animaux charognards ont accompli leur tâche de nettoyage, goélands, insectes et peut-être aussi de rares mammifères opportunistes fréquentant la plage.

Il s'agit peut-être du spécimen trouvé approximativement au même endroit trois semaines auparavant. Cliquer sur cette photo:

 

Publié dans Laisses de mer

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Un ancien fond de l'étang de Kergalan sur la plage de Plovan ?

Publié le par DL

Sur la plage de Plovan (Finistère), tout près de l'exutoire de l'étang de Kergalan, par son aspect, un banc de nature indéterminée se distingue du sable qui l'entoure et qui le recouvre en partie. Juillet 2020.

Sous la flèche rouge, une partie de ce banc à l'aspect particulier.

Ce banc à l'aspect particulier apparaît de manière discontinue au pied du cordon de graviers et de galets responsable de la formation de l'étang de Kergalan. 

Une autre partie de ce banc.

En rouge, la localisation approximative du site. Carte topographique IGN. Source: geoportail.gouv.fr

D'autres parties de cette formation affleurent de place en place au milieu du sable de la plage.

La couleur de cette formation est plus sombre que le sable de la plage, en particulier quand elle est mouillée.

Par ailleurs, cette formation comporte des traces qui évoquent des débris végétaux. 

Détail de la photo précédente. 

La présence de débris végétaux inclus dans cette matière est encore plus nette lorsqu'elle est humide.

Détail de la photo précédente. 

Sa consistance est également différente de celle du sable de la plage: elle est plus "grasse", légèrement pâteuse.

C'est, semble-t-il, un mélange de sable et de vase, celle-ci faisant office de "ciment" et assurant à cette formation une relative cohésion.

Il s'agit vraisemblablement d'un ancien fond de l'étang de Kergalan.

Dans la baie d'Audierne, le dépôt par la mer d'un cordon de galets, l'Ero Vili, a fait obstacle à l'écoulement des ruisseaux. En arrière de ce cordon de galets, il s'est formé des marais et des étangs qui s'échelonnent le long de la côte entre Prat Meur en Plozévet et Kermabec en Tréguennec. Plus au Sud, le cordon des dunes de sable qui s'étend jusqu'à la pointe de la Torche en Plomeur et même jusqu'à Toul Gwin en Penmarc'h n'a pas favorisé la formation de tels étangs, mais de simples zones humides. L'étang de Saint-Vio et le marais de Loch ar Stang constituent un cas particulier qu'il n'est pas utile de développer ici.

Derrière le cordon de galets, l'étang de Nérizellec en Plovan.

Les plus étendus de ces étangs sont celui de Kergalan entre Plovan et Tréogat et celui de Trunvel entre Tréogat et Tréguennec.

L'étang de Kergalan est alimenté par le ruisseau du même nom qui prend sa source à Pouldreuzic et par deux affluents principaux prenant leur source respectivement près du village de Ruot Nevez et près de celui de Park Gallo (1). 

Le réseau hydrographique de Kergalan. Photo aérienne IGN. Source: geoportail.gouv.fr

L'étang de Kergalan abrite, comme celui de Trunvel, une grande diversité d'espèces végétales, en particulier d'espèces enracinées: naïade marine (Najas marina), myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum), potamot pectiné (Stuckenia pectinata), nénuphar blanc (Nymphaea alba), etc., et surtout roseau commun (Phragmites australis) (2).

Roselières bordant l'étang de Kergalan.

Par sa nature même, le cordon de galets qui fait barrage à l'écoulement des ruisseaux et des eaux de ruissellement est meuble et peut être mis en mouvement par la mer, en particulier lors des tempêtes.

Des études menées à partir des années 1940 ont démontré le recul considérable du cordon de galets de la baie d'Audierne (Ero Vili) sous l'effet des conditions météorologiques et des activités humaines (3)(4). Ce recul est variable à la fois selon les périodes et selon les secteurs considérés. 

Le retrait de la ligne de rivage depuis 1781 en baie d’Audierne : positions successives et quantification des vitesses de recul par période. Source: Alain Hénaff, Catherine Meur-Férec et Yannick Lageat / Changement climatique et dynamique géomorphologique des côtes bretonnes. Leçons pour une gestion responsable de l’imbrication des échelles spatio-temporelles. Tous droits réservés.

Pour la seule période 1952-2009, le cordon de galets devant les étangs a reculé jusqu'à 160 mètres au niveau de l'étang de Trunvel, et 120 mètres au niveau de l'étang de Kergalan.

Erosion du trait de côte du cordon de l’Ero Vili en baie d’Audierne entre 1952 et 2009. Source: Emmanuel Blaise / Etude des dynamiques du trait de côte de la région Bretagne à différentes échelles spatio-temporelles. Tous droits réservés

Un recul de 120 mètres en 59 ans au niveau de l'étang de Kergalan ! C'est une moyenne annuelle de 2 mètres. Depuis 2009, le recul aurait ralenti sauf lors des tempêtes de l'hiver 2013-2014 (5). Concrètement, cela signifie qu'en 1952 le cordon de galets qui ferme l'étang de Kergalan se trouvait 120 mètres à l'Ouest de sa position de 2009 (et encore au-delà si on remonte plus loin dans le temps). Cela signifie aussi que l'étang lui-même, et en particulier son fond, s'étendaient alors sur une surface aujourd'hui occupée par la plage.

L'ancien fond de l'étang, recouvert par le sable de la plage au fur et à mesure que le recul du cordon de galets le dégageait, s'est trouvé en quelque sorte fossilisé sous la plage. Mis au jour lors de démaigrissements de celle-ci, et attaqué par la houle, il se disloque et on en découvre des morceaux échoués sur le cordon de galets.

 

Publié dans Géologie hydrologie

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