Les grands viviers d'Audierne
A Audierne, une curieuse construction voûtée est tapie au fond d’un bassin entre le chemin de halage et la rue Amiral Guepratte. Deux fois par jour, on peut voir la marée ennoyer ce bassin.
Ce sont "les grands viviers d’Audierne". Ils servent à conserver des crustacés en vie avant leur commercialisation (langoustes, tourteaux, araignées et homards).






Dans le Cap Sizun, la pêche des crustacés s’est vraiment développée au début du XX°siècle, en complément de celle de la sardine, et parfois même en substitution à celle-ci lorsque le petit poisson argenté venait à déserter les baies d'Audierne et de Douarnenez. On pêche alors les crustacés avec des casiers.

Un quai du Port d'Audierne, avec des casiers à langouste.
Les pêcheurs du Cap (Audierne et Poulgoazec, mais aussi ceux des petits ports-abris comme Bestrée, Pors Tarz ou Pors Poulhan) ont alors imité ceux de l’île de Sein, qui pêchaient déjà les crustacés depuis le milieu du XIX° siècle pour les vendre aux anglais.

Sur le quai de Poulgoazec, on peut remarquer les casiers prêts à être embarqués.
C’est d’ailleurs sur la Chaussée de Sein que la flottille langoustière se rend en priorité, avant que l’épuisement progressif de la ressource n’oblige les pêcheurs à aller chercher fortune plus loin (Iles Scilly, mer d'Irlande, Portugal, etc.)

Sur cette carte postale du petit port de Bestrée en Plogoff, on voit deux types de casiers. Les ronds, en osier, étaient destinés au homard, et les cylindriques, en lattes de bois, étaient destinés à la langouste. La malle que porte le personnage de gauche servait à transporter jusqu'au vivier les crustacés qui auront été capturés.

A Pors Poulhan, en Plouhinec, on embarque des casiers à homard.
Très tôt, des petits viviers avaient été construits à proximité des lieux d’atterrissage des bateaux comme à Pors Tarz en Primelin (1883) ou à Pors Poulhan en Plouhinec (1896).

Extrait de l'article de C. Robert-Muller "La pêche au homard sur la côte bretonne" dans la Revue des deux Mondes de septembre 1938.

Extrait de l'ouvrage de J. Kerzoncuf "La pêche maritime: son évolution en France et à l'étranger" 1917.
Cette activité se développe entre les deux guerres. En 1937, dans le quartier maritime d’Audierne, 340 bateaux, montés par plus de 2 000 hommes s’adonnent à cette pêche aux crustacés.


La flotte langoustière à Audierne et à Poulgoazec.
Il apparaît alors nécessaire de se doter d’une structure de conservation plus importante, en rapport avec l’augmentation des volumes pêchés. En effet, avec 40 bateaux spécialisés débarquant près de 300 tonnes de langoustes en 1946, Audierne est devenu de deuxième port langoustier après Camaret.

Casiers sur les quais du port d'Audierne

Casiers sur le quai de Poulgoazec en Plouhinec.
Le besoin d'un nouveau vivier à Audierne est satisfait en 1947: "les grands viviers d’Audierne" sont construits par un ressortissant belge, M. De Stoop. Le site choisi se trouve à l'entrée du port d'Audierne: c'est le deuxième bassin en partant de la plate-forme du "mât Fenoux", immédiatement après le coude du chemin de halage qui le sépare du chenal d'entrée du port.

Photo aérienne du 26 septembre 1929. Institut Géographique National. Les grands viviers d'Audierne ne sont pas encore construits.

Sur cette carte postale, on voit le bassin vide où seront construits les grands viviers d'Audierne.
"Les grands viviers" d'Audierne sont réputés être les plus grands viviers couverts d'Europe (toutefois, on peut lire ici ou là qu'ils compteraient 12 bassins de 100 mètres de long, ce qui paraît difficile dans un bâtiment qui ne mesure qu'environ 75 mètres !).

Photo aérienne du 16 avril 1948. Institut Géographique National. Les grands viviers d'Audierne sont construits.
Ils font dorénavant partie du paysage familier d'Audierne.

Sur cette carte postale, on aperçoit l'extrémité des grands viviers d'Audierne du côté du premier bassin.

Sur cette autre carte postale, on aperçoit le bâtiment technique des grands viviers d'Audierne.
Outre leur intérêt économique, les grands viviers d'Audierne sont un atout touristique pour la ville et le port. Ils sont notamment le sujet de plusieurs cartes postales des Editions Jean.






Au milieu des années 1960, les grands viviers d'Audierne sont repris par Jacques Le Gall. En 2000, un projet d'agrandissement se concrétise par une construction nouvelle au 1 rue du Môle, tout près des viviers "historiques" de 1947.

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